Ces dernières années, mes mains ont changé. En les observant, au début avec regret, après avec tendresse, je pensais subitement aux arbres. Du temps où elles étaient belles, ne restait que leurs gestes, ceux là, au contraire, avaient pris une ampleur, une grâce, une allure, qui contrastait avec les lignes tordues et tremblotantes qui définissaient aujourd’hui le contour de mes mains. Je marche dans la rue, et ils sont là, en silence. Ignorés des passants, assourdis par les bruits et les dissonances d’une foule trop pressé pour daigner s’arrêter, ou jeter, au moins, un regard distrait sur ces branches luisantes de pluie, gorgées de lumière. Il y a dans leur silhouette une tension aigüe, comme s’ils essayaient d’atteindre constamment un lieu invisible qui leur échappe. Imperceptiblement les arbres ont pénétré ma vie. Ils se sont installés avec une discrétion pleine d’élégance. Sans heurts, sans discorde, effleurant avec leurs branches frêles le bout de mes doigts, la voix de mon coeur. Je les aime, et par moments cette exaltation muette, cette demande de toujours plus haut, si poignante, envahit mon être tout entier, et comme eux, je plonge dans cette tension pendulaire entre le désir de vouloir, et le constat de ne pas pouvoir. Arbres soumis au jour, à la nuit; arbres printaniers, frères de mon enfance, traversons dans un sublime expir, cet ultime ombre, cet paroi glacée que je sens là, au bout de mes doigts.
L. Viso
Paris, octobre 2019
Tech Mixte s/toile 100 x 100 cm 2019
Tech Mixte s/toile 100 x 100 cm 2019
TTech Mixte s/ toile 100 x 100 cm 2019
Tech Mixte s/toile 90 x 90 cm 2019
Tech Mixte s/toile 100 x 100 cm 2019